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Channel: La Liberté sinon rien » aung san suu kyi
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Avec des amis comme ça…

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« Trump, s.v.p., sauvez Hong Kong », clament les protestataires de « la perle de l’Orient ». « Nous sommes derrière vous à 100% », déclare le vice-président américain Mike Pence au leader de l’opposition vénézuélienne Juan Guaido. Pour ceux qui combattent des régimes autoritaires, la tentation d’accepter de l’aide « d’où qu’elle vienne » est inévitable, mais le pari est risqué, car l’appui d’une puissance controversée, comme aujourd’hui l’Amérique de Donald Trump, peut compromettre ou contredire les valeurs de liberté et de patriotisme dont ils se réclament.
Dans les pays qui on été marqués par les ingérences étrangères, il ne faut jamais sous-estimer la force du ressentiment nationaliste, qui offre à leurs dirigeants un moyen de discréditer leurs opposants et un prétexte « souverainiste » à la répression. « Pour Juan Guaido, le soutien de Trump devient un peu encombrant », prévenait en février le correspondant en Amérique latine du quotidien espagnol El Pais, Francesco Manetto.
Cette bienveillance prêtée à Donald Trump trouble aussi les associations internationales des droits humains. « Comment peut-on fonder des espoirs de changement démocratique sur une Administration Trump qui affiche sans complexe sa proximité avec des Etats autoritaires et des mouvements populistes? », nous confiait, sidéré, un responsable d’une organisation internationale très engagée en faveur de la démocratie à Hong Kong et à Caracas.
Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, la diplomatie américaine peine à convaincre de son attachement à la démocratie et aux libertés. Certes, des membres du Congrès et des fonctionnaires de carrière au sein du Département d’Etat tentent de préserver ce qui peut l’être, au risque même de froisser des alliés du Président. A l’exemple de la US Agency for Global Media qui, selon le New York Times, envisage de restaurer le service hongrois de Radio Free Europe/Radio Liberty pour contrer la dégradation de la liberté de la presse sous Viktor Orban.

Deux poids deux mesures

Toutefois, en dépit de ces résistances internes, la rétrogradation des droits humains est indéniable. En fait, les Etats-Unis en sont revenus crument à la diplomatie des droits humains qui régnait à l’époque de la guerre froide et qui se résumait à accabler ses adversaires et protéger ses alliés. Ce qui impliquait de dénoncer avec virulence Cuba et le Nicaragua « totalitaires » et de ménager les amis « autoritaires », comme la dictature militaire argentine ou le régime d’apartheid sud-africain, membres embarrassants mais membres quand même du « monde libre ».
Aujourd’hui, cette même politique du « deux poids deux mesures » amène l’administration Trump à se réclamer des droits humains quand il s’agit de disqualifier le Venezuela de Maduro et à les mettre sous le boisseau quand le pays concerné, l’Arabie saoudite ou l’Egypte, appartient au « camp allié ». Une approche dont les Etats-Unis n’ont bien sûr pas l’exclusivité: les pays européens, en dépit de leur prétention de faire des droits humains le « fil d’argent » de leur diplomatie, ne se distinguent guère par l’audace de leurs engagements. La politique des droits humains reste donc subsidiaire, au prétexte que les pays avec lesquels les démocraties occidentales rivalisent ne s’embarrassent pas, « eux», d’une prétendue « politique étrangère éthique ».
Toutefois, le deux poids deux mesures, par essence, discrédite et affaiblit l’influence que l’on prête à la diplomatie des droits humains. Celle-ci implique un minimum de cohérence et d’impartialité, même si elle n’empêche pas d’adopter des stratégies différenciées. C’est d’ailleurs ce que comprit l’Administration Reagan pendant son deuxième mandat (1985-1989), lorsqu’elle appuya l’opposition modérée au général Pinochet et suscita des passerelles entre des syndicats chiliens et le mouvement Solidarnosc en Pologne.

Les mauvais choix
La diplomatie des droits humains se distingue aussi par le soin qu’elle apporte à choisir soigneusement ceux qu’elle prétend appuyer. L’exercice n’est pas simple: qui aurait imaginé que le dissident libéral Viktor Orban deviendrait le parangon de l’illibéralisme européen, qu’Aung San Suu Kyi, la Lady de Rangoon, icône universelle des droits humains, sombrerait dans l’identitarisme birman ou encore que, derrière les intellectuels éclairés de Solidarnosc, Bronislaw Geremek ou Adam Michnik, surgirait l’ultra-réactionnaire Jarosław Kaczyński, l’homme fort de la Pologne d’aujourd’hui?
Face aux Etats qui poursuivent essentiellement des objectifs géopolitiques en usant et abusant d’une rhétorique humaniste, les associations des droits humains n’ont guère que leur « clarté morale » et leur rigueur intellectuelle, la « force des sans-pouvoir » comme le disait l’ex-dissident et Président tchèque Vaclav Havel. Principe et raison: la défense des droits fondamentaux des opposants ne souffre pas d’exception, qu’ils soient libéraux ou réactionnaires, mais elle n’exclut pas le discernement sur leur idéologie, les intérêts qu’ils représentent et le futur qu’ils préparent.
« Au lieu d’appuyer l’opposition dans son ensemble, il serait sans doute prudent de distinguer entre les différents courants qui la composent et de privilégier ceux qui réellement représentent une alternative démocratique », nous confiait un diplomate européen échaudé par ses propres erreurs de jugement à propos d’Orban ou d’Erdogan
C’est à ce prix qu’il sera possible de se prémunir contre ces éblouissements qui accompagnent inévitablement les « printemps démocratiques », préludes aux grands désabusements. L’histoire nous apprend qu’il n’y a pas que des libéraux et des progressistes dans le camp des « opposants démocratiques ». Et personne n’a jamais dit que l’idéalisme devait rimer avec le naïvisme.


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